Bienvenue sur cette page pour cet article concerant les cables de connexion sous marins.
Notre photo du jour nous montre une vision d’horreur ou une représentation réaliste de ce qu’est déjà où sera demain la soirée type d’une famille: chacun devant son écran, smartphone, tablette, ordinateur pour envoyer des mails, télécharger un film ou se connecter sur les réseaux sociaux.

Partout dans le monde, vous le savez, on assiste à une explosion du trafic internet mobile avec le sentiment que toutes nos connexions se font de façon virtuelle sans fils, sans tuyaux, sans rien et bien non évidemment, détrompez vous! pour que vous puissiez accéder à vos réseaux sociaux préférés en quelques secondes il faut bien sûr des infrastructures.
Des infrastructures dans le ciel avec les satellites (encore que vous allez voir que dans cette affaire, ils ne jouent qu’un rôle infime), des infrastructures sur terre et surtout des infrastructures sous la mer et c’est ce que nous allons voir, des kilomètres de câbles enfouis au fond des océans qui permettent des communications ultra rapides entre les continents, nous rendent aussi potentiellement très vulnérables et génèrent des guerres d’influence, des bagarres commerciales et géopolitiques (vingt mille lieues sous les mers).
Et on commence avec le marais à premier câble sous marin déployées directement par les géants microsoft et facebook entre leur data centers de Virginie et Bilbao en espagne en septembre 2010.
Long de 6400 km, ce câble en fibre optique peut transporter 160 terra bits de données par seconde soit les trois quarts du trafic internet actuel, c’est le plus puissant des 428 câbles qui connectent aujourd’hui le monde.

Et voici à présent le tout premier câble sous marin posé en 1851 entre Douvres et le Cap Gris-Nez. Grâce au telegraphe, les bourses de Londres et de Paris pouvaient suivre en quelques minutes les cours des deux côtés de la manche.

Ces câbles posés par bateau sont des accélérateurs de mutations économiques.
En 1858, un premier câble transatlantique relie l’irlande à Terre-Neuve en Amérique du Nord et puis leur nombre explose.
En 1870, Londres et Bombay sont connectées.
En 1900, on en trouve deux cent mille kilomètres.
Et dès 1902, voici les premiers câbles transpacifiques reliant l’Australie et la Nouvelle Zélande au Canada via les îles Fidji et Kiribati et la ligne San Francisco, Honolulu, Manille, Shanghai.

Pour gérer tous ces câbles, l’Union Télégraphique Internationale est créée en 1865, renommée ensuite Union Internationale des Télécommunications, sa mission: assurer l’interconnexion de tous ces réseaux nationaux et répondre aux évolutions technologiques.

Notamment en 1956 lorsqu’apparaît TAT 1: le premier câble téléphonique
Et puis en 1988 nouvelle révolution TAT 8 est le premier câble à fibre optique entre la France le Royaume Uni et les Etats Unis.

Ces câbles aujourd’hui omniprésents hébergent un laser qui envoie ses ondes à un récepteur à l’autre bout. Les fibres ont la taille d’un cheveu humain mais avec leur protection de silicone ou de plastique, ils ont l’épaisseur d’un tuyau de jardin.
A partir d’un navire spécial, on les enterre près des côtes, on les pose au large sur le plancher océanique.

Le câble Ulysse entre Calais et Douvres fait une trentaine de kilomètres de longueur, les transpacifiques dépassent les 30000 km.

Alors qu’ils contrôlent ce marché annuel de près de 2 milliards de dollars, eh bien depuis les années 1990 ce sont quelques grands acteurs privés le français Alcatel Submarine Networks, l’américain TE SUBCOM et le japonais NEC.

Les 428 câbles sous marins actuels transportent 99 % de nos données numériques, moins de 0,4 % passe par les satellites.
La plupart relie toujours Europe et Amérique du Nord ainsi qu’en Europe et Asie s’y sont ajoutées au fil des années l’Amérique du Sud le Moyen-Orient et l’Asie du Sud et enfin les côtes africaines.

On note des hubs de câbles à New York, en cornouaille, marseille, aux émirats arabes unis, bombay, singapour, hong kong ou encore sur la côte est du japon, à l’inverse des états comme le Bangladesh ou le Mozambique sont peut reliés faute d’un usage d’internet important.

Aujourd’hui, plus de 1,3 million de kilomètres de câbles traversent nos océans soit 32 fois le tour de la terre. Il y a eu un premier pic de pose de câbles lors de la bulle internet des années 2000 et un deuxième actuellement.
En 2016, 27000 nouveaux kilomètres ont été posés, chiffre qui a triplé en 2017 pour satisfaire notre appétit insatiable en données et vidéos haute définition.
Peu protégés, les câbles sont vulnérables au chalut, au tsunami ou aux morsures de requins et provoquent une centaine de pannes par an. Souvent les données sont juste détournées vers d’autres réseaux mais par exemple en 2006 un tremblement de terre au large de Taïwan a sectionné plusieurs câbles ce qui a coupé 120 millions de lignes téléphoniques en Asie de l’Est et a bloqué temporairement les échanges bancaires et boursières régionaux. Du coup, les grands opérateurs ici le français Orange marine ont donc divisé le fond des océans en régions pour pouvoir envoyer au plus vite leurs navires réparer les dégâts.

En raison de leur obsolescence, on les remplace également par des câbles plus puissants indispensables au bon fonctionnement d’internet.
En effet, les flux de données ne cessent d’augmenter. En 1992, il circulait 100 gigaoctets de données par jour. En 2002 autant en une seule seconde et en 2016 en une seconde on en transmet 260 fois plus.

Le 21e siècle a donc consacré l’importance de ces câbles sous marins pour transporter nos données et par là même ils sont devenus un enjeu majeur de puissance.
Regardons les trois grandes routes de flux de données en 2010 : l’amérique du nord est relié à l’amérique latine, à l’europe et à l’asie. Même si les constructeurs de câbles ne sont pas américains, les états unis inspirateur d’internet dans les années 70 sont au coeur de ces échanges.

On y trouve 10 des 13 serveurs racines qui trient notre navigation internet. Les noms de domaines internationaux point com ou point org sont attribués par l’icann basé à Los Angeles.
Les géants du web Google Apple Facebook Amazon Microsoft les fameux GAFAM sont tous américains avec des législations américaines.

Résultat 80 % des flux de données transitent par les états unis selon la NSA la puissante agence des écoutes américaines.
D’ailleurs, dès 1955 la NSA avait créé avec ses homologues canadiens, britanniques, australiens et néo zélandais : les five eyes (les cinq yeux); accord précisément pour surveiller les données échangées dans le monde entier. Une surveillance révélée plus d’un demi-siècle plus tard par Edward Snowdon (ex informaticien de la NSA) qui explique en 2012 comment ces écoutes visant en particulier les points d’atterrissement des câbles sur les continents.

Exemple au royaume uni où les trois points principaux Porthcurno, Bude, Highbridge permettent l’écoute par les services britanniques de nombreux câbles transatlantiques comme l’indique cette carte des services secrets tirées des archives de Snowdon.

En France, les liens anciens entre les services de renseignement français et Orange, France Télécom permettent de faire la même chose sur des câbles méditerranéens arrivant à Marseille transportant des données stratégiques du Moyen-Orient et du Maghreb.
Cela n’est pas nouveau pendant la guerre froide. Des sous-marins américains avaient déjà réussi à écouter des câbles entre des bases navales soviétiques à l’époque non cryptés. Mais à l’ère numérique, l’espionnage est devenu massif. On voit ici les principaux points d’écoute de la NSA (en tout, les fils auraient visé deux cent câbles pour récupérer des informations antiterroristes mais aussi politiques et économiques).
Furieux, le Brésil fait construire un câble direct avec l’Europe sans passer par les états unis avec un coût de 185 millions de dollars.

Face à cette hégémonie américaine, la Russie elle est relativement à l’abri; seuls quatre câbles internationaux la relient au reste du monde, l’un avec la Finlande, un autre avec la Géorgie et deux avec le Japon.
Par ailleurs, Moscou a ses propres acteurs internet comme yann d’aix f contacts y est plus facile à contrôler.

Regardons maintenant la Chine: le câble (6 me oui 5) a été terminé au printemps dernier par un consortium de 20 opérateurs dont les trois géants (blick) chinois des télécoms.
Pékin qui exerce un fort contrôle sur son internet veut étendre son droit de regard sur certains câbles stratégiques: sea me we 5 connecte l’Asie, le Proche Orient et l’Europe.

De fait, le groupe chinois Huawei s’est mis à construire et améliorer des câbles tous azimuts notamment au Groenland, aux Maldives, aux Comores entre l’Afrique du Sud et le Royaume Uni et même entre le Brésil et le Cameroun.
En dix ans, Huawei s’est hissé ainsi parmi les plus importants poseur de câbles mondiaux.

On ne connaît pas la proximité exacte du groupe avec l’état chinois mais récemment la construction d’un câble entre Sydney et les îles salomon par Huawei a été rejetée par les autorités australiennes qui craignaient une perte de souveraineté numérique.
Enfin, l’avenir nous prépare d’autres bouleversements avec la présence grandissante des géants privés d’internet sur ce marché, Google d’abord mais aussi Facebook et Microsoft qui cherchent ainsi à étendre leur emprise en installant leurs propres câbles; il ne leur manquera ensuite que la fourniture d’accès aujourd’hui encore entre les mains des opérateurs téléphoniques pour contrôler plus tard l’ensemble de l’écosystème web.

Fin décembre 2010, une actualité est sans doute passée un peu trop inaperçue: la Grande Bretagne a tiré la sonnette d’alarme, une nouvelle menace pèserait sur les pays de l’OTAN et le danger proviendrait de la Russie que l’on soupçonnerait cette fois de fauxmonter une attaque sur les fameux câbles. Preuve supplémentaire s’il en fallait que ces câbles sont aujourd’hui un nouvel enjeu de puissance pour les états.
Pour aller plus loin consulter le livre publié chez l’harmattan communications et débats publics les réseaux numériques sont ils au service de la démocratie?